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Version 1.5

Pas d'idée de lecture ?

Laissez-vous tenter par l'une de mes dernières lectures dont j'ai laissé le billet derrière moi !

Envie de nouveau ?

Laissez-vous entraîner dans le flot d'écriture des ateliers avec la communauté de bloggueurs !

Bonne lecture(s) ;)

dimanche 26 décembre 2010

Chapitre 9. Pourquoi je l'ai pas lu avant ??

Bin voui, pourquoi ? Toujours dans le cadre de mon programme de "culture et expression", nous abordons maintenant le rire ... 
Et c'est pas parce que les fêtes se sont joyeusement pointées que je vais arrêter de lire ! 
Au contraire, pendant que Tante Trop Collante papote avec Cousine Superficielle et que  Grand-Mère Pince Moi La Joue ouvre les huîtres ... et bin moi je m'approprie la canapé et je dépose les armes sur l'accoudoir : Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy LEWIS.

Oh mein Gott ! C'est tellement bien que je l'ai dévoré (et c'est de circonstance) en une aprèm' !!
L'histoire se passe à l'époque des mammouths (pléistocène moyen pour être exacte) et une tribut tout frais descendue des arbres découvre le feu : c'est le point de départ de l'évolution humaine et de son règne animal ...
Ernest et sa famille vont d'ailleurs se montrer très inventifs : découverte de la cuisson des aliments, exogamie, lances durcies à la flamme ... surtout le papounet, Edouard, qui se veut passionné de sciences, doté d'une foule d'idées et d'un poil de philosophie ! 
En fait, le seul pécore anti-évolution c'est l'oncle Vania (voyez-là une référence à la pièce de théâtre d'Anton TCHEKHOV).

Pour autant, le livre évite avec brio la lourdeur planplan du langage limité des Cromagnons ; non ces homo sapiens utilisent un langage très châtié et livrent même des réflexions très élaborées ! 
Ils sont pleinement conscients de leur condition et de leur degré d'évolution physique et technique et cette omniscience des protagonistes est l'une des bases des situations humoristiques du roman.
On peut voir dans le roman une parabole avec notre société actuelle et des risques liés à l'évolution des technologies (exemple concret : le père qui a failli carboniser toute sa famille en jouant avec ses allumettes ...).

En tout cas, si cet ouvrage comporte plusieurs niveaux de lecture, il reste surtout très accessible et très drôle, puisqu'il nous offre un regard extérieur sur notre société à travers le miroir déformant de l'humour. 
J'ai tout simplement adoré (perso, je l'ai lu en mode distraction et non "analyse profonde") et je n'arrive plus à m'en sortir, bien que je me sois attelée à de nouvelles lectures, il va falloir un petit temps de transition (c'est comme un Arlequin : tu le manges et quand t'as fini, t'as le goût qui reste super longtemps ...) !

Je vous suggère en illustration comique après lecture du bouquin : Silex and the ciy par Jul (non pas moi ^^).




lundi 20 décembre 2010

Chapitre 8. Une oeuvre puissante

Cette fois, pas d'excuses, ce sont les vacances, donc je lis !
Toujours dans la lignée des bouquins pour le BTS dans le thème de la génération, voici Magnus de Sylvie GERMAIN (Prix Goncourt des Lycéens 2005 s'il vous plaît ...).


Tout simplement puissant, un récit d'une grande beauté, très calme. 
Un petit garçon qui devient grand, toujours en quête de son identité. 
Le présent confronté au passé, des souvenirs lointains qui valsent lentement dans la tête de Magnus, une intonation ou des lieux qui ravivent des sentiments longtemps refoulés ...
     Chacun porte son poids de temps dans la discrétion ; rien n'est renié ni effacé, mais ils savent qu'il est vain de vouloir tout raconter, qu'on ne peut pas partager avec un autre, aussi intime soit-il, ce que l'on a vécu sans lui, hors de lui, qu'il s'agisse d'un amour ou d'une haine. Ce qu'ils partagent, c'est le présent, et leurs passés respectifs se décantent en silence à l'ombre radieuse de ce présent.
     fragment 22


Sylvie Germain utilise des mots justes, plein de sens qui vont droit au coeur et qui amènent le lecteur à réfléchir intensément à l'action du roman. Il n'y pas de "phrases en trop", pas de fioritures ... juste l'essentiel.


Un peu difficile de se plonger dans le livre au début mais par la suite, impossible de résister à l'avenir de Magnus !


Mon passage préféré : la mort de May, amante de Magnus.
Pourquoi ? : le récit est précédé de l'histoire que Magnus et May partagent, Magnus est heureux, ils vivent de beaux instants ... et d'un coup, dans un écrin de douceur, Sylvie GERMAIN nous livre les derniers instants de son amante, dans un naturel et une poésie déroutants. Tout va si vite, c'est comme si la mort n'était pas survenue.
J'apprécie également les instants décrits avec Peggy Bell, plus tard dans le roman, un amour d'enfant retrouvé, la véritable femme qui a fait vibrer le coeur de Magnus et qui elle aussi disparaîtra comme une évidence ...
     Terence s'étend à ses côtés, il l'enlace doucement. Leurs deux visages se touchent, leurs yeux sont si proches que leurs cils se frôlent et leurs regards se mêlent. Ils ne voient plus rien, ils perçoivent juste une lueur qui frémit comme une petite flaque de soleil au creux d'un buisson. Ça les amuse ; May n'a plus la force de rire, elle sourit. Et leurs sourires aussi s'entremêlent, et leurs souffles. Ils ne parlent pas, n'ont plus rien à se dire, ou trop à se dire, c'est pareil en cet instant. Ils sont bien là, comme ça blottis l'un contre l'autre, hors temps, hors désir, dans le nu de l'amour. Leur complicité n'a jamais été si dense, si vaste, si lumineuse. Ils sont dans l'absolu de la confiance, de l'abandon de soi à l'autre, de l'oubli de soi dans l'étonnement. Jamais ils ne se sont sentis aussi présents l'un à l'autre, aussi présents au monde - mais sur son seuil, non plus en son sein.
Terence voit se ternir la petite flaque de clarté qui frémissait au bout de ses cils, il entend se taire le souffle qui chuchotait à l'unisson du sien. Cependant, il ne bouge pas, il enserre juste le visage de May entre ses mains, et il reste longtemps ainsi, longtemps dans le silence devenu infini de l'amour.
May a honoré sa mort.


Magnus attend hors de la chambre, il n'a pas cherché à y revenir. Un grand vide se creuse en lui au fil des heures. Il ne pense pas, il ne ressent rien, sinon un drôle de froid qui ondoie discrètement dans sa chair. Il n'est ni patient ni impatient, il est là, simplement, là comme un funambule faisant la pause au milieu de son fil tendu au dessus d'un désert. Il lui faut beaucoup d'immobilité pour garder l'équilibre. [...]
     fragment 15





dimanche 19 décembre 2010

Chapitre inexistant.

Finalement, Marc LEVY n'est pas venu à la Librairie Kléber pour cause d'opération chirurgicale du dos (c'était trop beau aussi ...) !
Jul la Reporter Crapahuteuse n'a donc pas de compte rendu croustillant à vous offrir si ce n'est que, dixit la madame au bout du fil à la Librairie, "une prochaine conversation est prévue en avril 2011 à l'occasion de la sortie de son nouveau livre" ...
Au moins, maintenant, on sait quand sortira le nouveau bouquin !
Sur ce ...

Chapitre 7. Coup de coeur

Pour me faire pardonner mon absence bloguistique j'ai décidé de vous faire partager un petit bijou d'Anna que j'ai découvert la première fois en 2nde (c'est à dire il y a plus de cinq ans maintenant) en cours de français avec madame PATEL ... Dans un petit moment de nostalgie, j'ai relu ça hier et je me suis dit que je ne pouvais décemment pas vous faire rater ça (pour ceux qui ne connaissent pas ...) !


Anna GAVALDA, Happy Meal

Cette fille, je l’aime. J’ai envie de lui faire plaisir. J’ai envie de l’inviter à déjeuner.
Une grande brasserie avec des miroirs et des nappes en tissu. M’asseoir près d’elle, regarder son profil, regarder les gens tout autour et tout laisser refroidir. Je l’aime.
« D’accord, me dit-elle, mais on va au McDonald. »
Elle n’attend pas que je bougonne.
« Cela fait si longtemps…ajoute-t-elle en posant son livre près d’elle, si longtemps… »
Elle exagère, ça fait moins de deux mois. Je sais compter. Mais bon. Cette jeune personne aime les nuggets et la sauce barbecue, qu’y puis-je ? Si on reste ensemble assez longtemps, je lui apprendrai autre chose. Je lui
apprendrai la sauce gribiche (würzige Kräutersauce) et les crêpes Suzette par exemple. Si on reste ensemble assez longtemps, je lui apprendrai que les garçons des grandes brasseries n’ont pas le droit de toucher nos serviettes, qu’ils les font glisser en soulevant la première assiette. Elle sera bien étonnée. Il y a tellement de choses que je voudrais lui montrer… Tellement de choses. Mais je ne dis rien. Je prends mon pardessus en silence. Je sais comment sont les filles avec l’avenir : juste prometteuses. Je préfère l’emmener dans ce putain de McDo et la rendre heureuse un jour après l’autre.
Dans la rue, je la complimente sur ses chaussures. Elle s’en offusque : « Ne me dis pas que tu ne les avais jamais vues, je les ai depuis Noël ! » Je pique du nez, elle me sourit, alors je la complimente sur ses chaussettes. Elle me dit que je suis bête. Tu penses si je le savais. C’est la plus jolie fille de la rue.
J’éprouve un haut-le-coeur en poussant la porte. D’une fois sur l’autre, j’oublie à quel point je hais le McDonald. Cette odeur : graillon, laideur vulgarité mélangés. Pourquoi les serveuses se laissent-elles ainsi enlaidir ? Pourquoi porter cette visière insensée ? Pourquoi les gens font-ils la queue ? Pourquoi cette musique d’ambiance ? Et pour quelle ambiance ? Je trépigne, les gens devant nous sont en survêtement. Les femmes sont laides et les hommes sont gros. J’ai déjà du mal avec l’humanité, je ne devrais pas venir dans ce genre d’endroit. Je me tien droit et regarde loin devant, le plus loin possible : le prix du menu best-of McDeluxe.
Elle le sent, elle sent ces choses. Elle prend ma main et la presse doucement. Elle ne me regarde pas. Je me sens mieux. Son petit doigt caresse l’intérieur de ma paume et mon coeur fait zigzague. Elle change d’avis plusieurs fois. Comme dessert, elle hésite entre un milkshake ou un sundae caramel. Elle retrousse son mignon petit nez et tortille une mèche de cheveux. La serveuse est fatiguée et moi, je suis ému. Je porte nos deux plateaux.
Elle se retourne vers moi :
- Tu préfères le coin fumeur, j’imagine ?
- Je hausse les épaules.
- Si. Tu préfères. Je le sais bien.
Elle m’ouvre la voie. Ceux qui sont mal assis raclent leur chaise à son passage. Des visages se tournent. Elle ne les voit pas. Impalpable dédain de celles qui se savent belles. Elle cherche un petit coin où nous serons
bien tous les deux. Elle a trouvé, me sourit encore, je ferme les yeux en signe d’acquiescement (pour dire que je suis d’accord). Je pose notre pitance sur une table dégueulasse. Elle défait lentement son écharpe, dodeline trois fois de la tête avant de laisser voir son cou gracile. Je reste debout comme un grand nigaud.
- Pourquoi tu ne t’assieds pas ?
- Je te regarde.
- Tu me regarderas plus tard. Ça va être froid.
- Tu as raison.
- J’ai toujours raison.
- Presque toujours.
Petite grimace.
J’allonge mes jambes dans l’allée. Je ne sais pas par quoi commencer. J’ai déjà envie de fumer. Je n’aime rien de tous ces machins emballés. J’ai un moment de doute. Que fais-je ici ? Avec mon immense amour et ma pochette turquoise. J’ai ce réflexe imbécile de chercher un couteau et une fourchette. Elle me dit :
- Tu n’es pas heureux ?
- Si, si.
- Alors mange !
Je m’exécute. Elle ouvre délicatement sa boîte de nuggets comme s’il s’était agi d’un coffret à bijoux.
Elle trempe ses morceaux de poulet décongelés dans leur sauce chimique. Elle se régale.
- Tu aimes vraiment ça ?
- Vraiment.
- Mais pourquoi ?
Sourire triomphal.
- Parce que c’est bon.
Elle me fait sentir que je suis un ringard, ça se voit dans ses yeux. Mais du moins le fait-elle tendrement. Pourvu que ça dure, sa tendresse. Pourvu que ça dure.
Qu’est-ce que j’aime le plus chez elle ? En numéro un je mettrai ses sourcils. Elle a de très jolis sourcils. En numéro deux, ses lobes d’oreilles. Parfaits. Ses oreilles ne sont pas percées. J’espère qu’elle n’aura jamais cette idée saugrenue. Je l’en empêcherai. En numéro trois, quelque chose de très délicat à décrire… En
numéro trois j’aime son nez ou, plus exactement, les ailes de son nez. En numéro quatre…
Mais déjà le charme est rompu : elle a senti que je la regardais et minaude en pinçant sa paille. Je me détourne. Je cherche mon paquet de tabac en tâtant toutes mes poches.
- Tu l’as mis dans ta veste.
- Merci.
- Qu’est-ce que tu ferais sans moi, hein ?
- Rien.
Je lui souris en me roulant une cigarette.
- …mais je ne serais pas obligé d’aller au McDo le samedi après-midi.
Je réfléchis à ce que nous allons faire ensuite… Où vais-je l’emmener ? Que vais-je faire d’elle ? Me donnera-t-elle sa main, tout à l’heure, quand nous serons de nouveau dans la rue ? Reprendra-t-elle son charmant pépiement là où elle l’avait laissé en entrant ? Où en était-elle d’ailleurs ?... Je crois qu’elle me parlait des vacances… Où irons-nous en vacances cet été ?... Mon dieu ma chérie, mais je ne le sais pas moi-même… te rendre heureuse un jour après l’autre, je peux essayer, mais me demander ce que nous ferons dans six mois… Comme tu y vas… Il faut donc que je trouve un sujet de conversation en plus d’une destination de promenade. Les bouquinistes peut-être… elle va râler… « Encore ! » Non, elle ne va pas râler. Elle aussi aime me faire plaisir. Et puis, pour sa main, elle me la donnera, je le sais bien.
Elle plie sa serviette en deux avant de s’essuyer la bouche. En se levant, elle lisse sa jupe et réajuste le col de son chemisier. Elle prend son sac et me désigne du regard l’endroit où je dois reposer nos plateaux.
Je lui tiens la porte. Le froid nous surprend. Elle refait le noeud de son écharpe et sort ses cheveux de dessous son manteau. Elle se tourne vers moi. Je me suis trompé, elle ne me donnera pas sa main puisque c’est mon bras qu’elle prend.
Cette fille, je l’aime. C’est la mienne.
Elle s’appelle Valentine et n’a pas sept ans.