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Laissez-vous tenter par l'une de mes dernières lectures dont j'ai laissé le billet derrière moi !

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Laissez-vous entraîner dans le flot d'écriture des ateliers avec la communauté de bloggueurs !

Bonne lecture(s) ;)

vendredi 16 septembre 2011

Des mots, une histoire - IV

Reprise pour moi de l'atelier d'Olivia :
Suzanne coupait tranquillement un oignon dans sa cuisine. Elle mitonnait un petit plat italien pour le dîner. Vendredi soir était généralement un moment qu’elle affectionnait car ses enfants étaient en week-end et son mari n’avait aucune activité prévue. La coutume était donc de se retrouver tous autour d’un bon repas et de passer un moment en famille. Suzanne sentit une larme s’écraser sur sa joue. Elle avait renoncé à porter ses lunettes de piscine depuis qu’elle avait ouvert la porte dans son accoutrement à un agent EDF venu relever le compteur. Elle effaça ce souvenir aussi rapidement qu’il lui était venu et chantonna un petit air enjoué tout en ajoutant de la crème à sa sauce. Elle entendit Gérard passer la porte d’entrée.
-          Bonsoir mon chéri. Bonne journée ?
-          Oh ne m’en parle pas, je suis heureux de rentrer ! On a eu un cas d’escherichia coli avec des concombres allemands … ça a été terrible ! Je crois qu’ils en ont parlé au journal, la télé s’est déplacée jusqu’au labo pour une interview. Et il a fallu que Bertrand nous fasse encore une boulette : il a parlé d’une salmonelle. En plus de gérer l’urgence sanitaire, on a dû gérer l’urgence médiatique.
-          C’est quand même étrange qu’il n’ait pas été viré après toutes ces années. Un jour il va déclencher une catastrophe !
-          Il a des tickets avec le PDG, c’est pour ça. Dis-moi, ça sent drôlement bon ! On mange quoi ce soir ?
-          Surprise ! Tiens regarde, la maîtresse de Thomas nous a mis un mot dans le cahier de liaison.
-          C’est quoi cette histoire ?
-          Apparemment, pendant l’atelier peinture, il a entièrement peint la petite Émilie … J’ai pas bien compris, il dit qu’il voulait la déguiser en panthère ou je ne sais quoi …
-          Encore ses panthères ?! Mais qu’est-ce qu’il a ce môme avec les panthères ? Il fait un blocage psychologique ou quoi ?? Je te préviens, tu n’as pas intérêt à l’encourager, sinon je me barre !
-          Justement on devrait peut-être l’emmener voir un psy ?
-          C’est quoi le rapport avec moi ?
-          C’est Christiane, j’ai appris qu’elle a entreprit une thérapie conjugale avec son mari pour éviter le divorce.
-          Chérie, on s’éloigne du sujet.
-          Écoute, tu devrais d’abord parler à Tom. Moi, il ne veut rien me dire.
-          Bon …
-          Mais pas à table, hein ! On se la fait zen ce soir !
-          Ok ! Dis-donc, t’as déjà mis le chauffage en route ?
-          Bin oui, il fait un froid de canard dehors ! Et puis là, c’est parti pour continuer !
-          Super, on va payer le chauffage un mois de plus cette année ! A ce rythme-là, ça va être comme ça chaque année et on va payer une fortune ! Ça me fait penser qu’il y a la réunion des copropriétaires jeudi soir.
-          Tu comptes y aller ?
-          Un peu, j’ai deux mots à dire pour le local poubelle et sur l’entretien des communs !
-          Gérard, tu as golf le jeudi soir.
-          J’irai pas, tant pis.
-          Tu m’as pas dit que Francis t’accompagnais ?
-          Non c’est la semaine suivante.
-          Tiens au fait, l’entrepreneur de la salle de bain est passé et il a laissé un nuancier pour la peinture.
-          Mmh.
-          J’aime bien le « rouge incandescent », t’en penses quoi ?
-          Dans une salle de bain ? Personne ne mettrait cette couleur !
-          Oui, bin on n’est pas obligé de faire comme tout le monde. Regarde Karl Lagerfeld, comment il en arrivé là où il en est à ton avis ?
-          Chérie, Lagerfeld est un couturier …
-          Et alors ? C’est pour dire qu’on n’est pas obligé de faire comme tout le monde !
-          Je t’en prie Susie, pas de rouge dans ma salle de bain.
-          Ok, ok.
-          Bon je vais me changer. Je t’aime ma chérie.
-          Pareil mon lapin.

-          Hello momie !
-          Arrête de m’appeler comme ça Laura ! Tu vas bien chérie ?
-          Why not ? On dit bien mommy in english ! Am I right ?
-          Yes yes.
-          No momie, you’ve to answer “yes, you are”. Short answer please !
-          Laïk iou vouante.
-          Oh my God, your English is so bad !
-          Tu comptes me dire autre chose ma Lolo ?
-          Please, ne m’appelle pas comme ça ! C’est so out ! Bon puisque tu mets le sujet sur la table, j’ai effectivement something very important à te dire. Je pars avec Jerem à Londres. On va se marier et on va vivre ensemble.
-          Tu me passes le sel ma chérie ?
-          Je plaisante pas maman !
-          Moi non plus ma chérie, je suis sérieuse : j’ai besoin du sel si tu veux que le repas soit mangeable !
-          Maman j’essaie de te parler sérieusement ! Et puis le sel on s’en fout, c’est juste pour bon pour la cellulite !
-          Mais oui ma puce. Ah au fait, Monsieur Urgon a appelé cet après-midi. Il se plaint de tes notes.
-          Mais maman, oublie l’école, je te parle de mon avenir.
-          Ça tombe bien, moi aussi. Et puisque je vois qu’on s’en soucie autant l’une que l’autre, je t’informe que j’ai résilié ton abonnement de portable.
-          Quoi ? Non mais c’est carrément un viol contre mes libertés là ! J’hallucine ! Pff de toute façon, je vais me tirer ! J’en ai marre !
-          Ne sois pas vulgaire sinon c’est privée de sortie, tu connais la règle !
-          Tu comprends rien !
-          On mange bientôt, va te laver les mains et démaquille toi s’il te plaît, je n’aime pas trop les Picasso !

-          Maman ?!
-          Oui Emma ?
-          Regarde, je virevolte !!
-          Tiens, tu as appris ce mot aujourd’hui ?
-          Oui c’est la prof de danse, et elle m’a aussi appris « pâmoison » ! C’est parce qu’Annie, elle est tombée dans les pommes ! Et tu sais ce que Sophie a dit ?
-          Non, dis-moi.
-          Elle a dit que je danse comme un éléphant en tutu !
-          Ah. Et alors, qu’est-ce que tu as fait ?
-          Bin j’ai fait comme papa m’a dit, j’ai aspiré
-          … inspiré, ma puce …
-          … inspiré, j’ai fait crisser mes dents, j’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai mis une énorme gifle. Et je l’ai mordue.
-          - Quoi ?? Mais Emma, on ne fait pas ça. On ne fait jamais ça !!
-          Mais c’est papa …
-          Ton père fait de la danse peut-être ?
-          Non, parce que lui c’est comme un éléphant en tutu !!
-          File, court te laver les mains, on en reparle après jeune fille. Je te préviens, tu seras punie.
-          Pfff.

-          Gérard !!
-          Enfin Susie, hurle pas comme ça sinon le voisin va encore râler toute la soirée et jte dis pas le calvaire
-          Là c’est moi ton calvaire ! C’est quoi cette histoire avec Emma ? Tu lui dis de frapper ses camarades maintenant ?
-          Mais enfin chérie, tu sais bien qu’Emma nous raconte surtout ce qui l’arrange …
-          Mmmh.
-          Aller détend-toi, tu as dit zen ce soir.
-          Je vais quand même devoir appeler la mère de Sophie pour nous excuser.
-          Oui enfin, Sophie est loin d’être un ange. A mon avis, elle n’a pas volé sa rouste. On s’en occupera demain, et on parlera à Emma aussi.
-          Laura veut partir à Londres.
-          Je sais.
-          Et ?
-          Et tu crois vraiment qu’elle va abandonner son confort personnel ? Et puis avec Jérémy c’est un coup oui et un coup non alors … Mais il va falloir que j’ai une discussion très sérieuse avec elle.
-          Enfin vas-y avec parcimonie quand même.
-          C’est pas moi qui lui ai sucré le téléphone je te rappelle.
-          C’était nécessaire, c’est différent.
-          Non ça ne l’est pas, là aussi c’est nécessaire.
-          T’as raison. Faut qu’on fasse quelque chose.
-          On mange, j’ai faim !
-          C’est parti. Thomas, les filles, à table !!!

dimanche 11 septembre 2011

Une photo, quelques mots - III

Bonjourno !

Voici la toute dernière photo de Leiloona :


C’était un vendredi, le dernier jour avant les vacances scolaires de Noël. Pour l’occasion, les maîtresses avaient mis sur pieds un spectacle de théâtre. Chloé était fière d’avoir décroché le premier rôle. Elle avait travaillé dur, appris ses textes par cœur, comme les poésies qu’elle doit réciter devant la classe. C’était un jour très important pour Chloé. Elle en avait parlé des heures au téléphone avec son père et lui avait fait promettre de venir la voir.
Et puis le jour tant attendu est arrivé. Chloé est assise sur une chaise dans l’assistance. Elle surveille le signe de la maîtresse pour rejoindre la scène. Ce n’est pas encore son tour, elle regarde d’abord le spectacle des petits. Elle vérifie sa tenue et lance un regard à sa mère assise à côté d’elle. Elle est étrangement différente, elle semble tendue, ailleurs et triste. Chloé demande :
« Maman, j’ai fait une bêtise ? »
« Non ma chérie … c’est juste que j’ai un peu mal à la tête. »
Chloé lui fait un câlin pour la consoler et se remet à inspecter sa tenue. Elle n’attend plus qu’une chose : que son papa arrive. Elle ne cesse de se retourner et scrute le fond de la salle pour vérifier que personne ne s’est glissé dans l’assemblée. Elle se retourne vers la scène pour s’assurer que la maîtresse ne lui a pas déjà fait signe. Elle se retourne à nouveau vers la porte et espère qu’elle s’ouvre.
Le temps passe et les petits terminent leur spectacle. Chloé voit la maîtresse lui faire signe. Ca va être son tour. Elle lance un dernier regard vers la porte mais son père n’est pas là. Sa mère essaie de la prendre dans ses bras mais Chloé dit :
« Il va venir, j’en suis sûre ! Il me l’a promis ! »
Chloé monte sur scène, elle fait de son mieux pour que son papa ne voit qu’elle et soit fier. Elle essaie de regarder dans la salle mais elle ne peut pas à cause des projecteurs. Quand la pièce se termine, elle se rue vers sa mère. Elle est sûre qu’il sera là pour l’embrasser et la féliciter. Mais la chaise est vide. Elle a toujours été vide et Chloé comprend qu’elle restera toujours vide.
Elle ne pleure pas, elle est en colère et ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi son papa ne l’a jamais vue, ne l’a jamais embrassée. Elle ne comprend pas pourquoi il n’appelle jamais au téléphone. Elle ne comprend pas pourquoi elle n’a pas de papa.

samedi 10 septembre 2011

Atelier du Dimanche - V

 Bonjour à tous ! Aujourd'hui nous nous sommes frottés au style "scénario" avec l'atelier de Gwen. Cela change, mais à dire vrai, l'exercice a été éprouvant et ma performance ne me satisfait guère. Après un récit autobiographique la semaine précédente et le style scénar' cette semaine, j'espère retrouver l'atelier classique comme je l'aime pour la semaine prochaine ;) Je vous laisse à la lecture, en espérant que cela vous charme plus que moi.



La consigne était d'écrire un scénario (à comprendre ici comme un résumé de film) avec quelques mots imposés (soulignés dans le texte). Bonne lecture.

Scénario : Haute-tension
Productrice : Jul
11/09/2011
John : Jean Tournun
agent de la CIA : Jacques Courtoujours
père de John : Stan Lagachette
mère de John : Cindy Blondie

VISA n°78-593-463
John a 17 ans, c’est un pirate informatique. Il voue une passion dévorante pour l’URSS, notamment Staline, et la poésie romantique. Personnage très renfermé, enfermé dans sa bulle néo-punk, il ne communique avec le monde qu’à travers son ordinateur. Il n’est pas un enfant de l’amour, il a été conçu dans un monde de violence. Abandonné très jeune par sa mère, il est recueilli par une femme âgée. Il ne fréquente que très peu l’école car se sent différent de ses camarades. Pour cacher son absentéisme à sa mère adoptive, il reste au cyber-café à côté de l’école toute la journée. C’est là qu’il apprend toutes les ficelles des hackers. A la rentrée de septembre, il décroche un poste de technicien de maintenance informatique à l’université de Los Angeles. En parallèle, la CIA a infiltré l’université pour repérer de nouvelles recrues. John est immédiatement démarché pour ses compétences informatiques. Il accepte le poste. Au fil de ses enquêtes, il tombe sur son père biologique. Extrêmement touché par son enfance difficile, il le pourchasse et découvre un réseau de prostitution internationale. Il découvre également que sa mère fait partie de ce commerce du sexe. Elle vient d’Ukraine, a été violée par le père de John le jour de son arrivée aux Etats-Unis et a peu à peu sombré avec les amphétamines et la vodka. John réussit à démanteler le réseau, il retrouve sa mère mais elle succombe dans ses bras et John tue son père par vengeance. La police croira à un règlement de compte entre dealeurs. John quitte la CIA et fait la paix avec lui-même.

ce texte est la propriété de la société Le Parfum des Livres 
tous droits de reproduction réservés

lundi 5 septembre 2011

Une photo, quelques mots - II

De retour sur l'atelier de Leiloona, bonne lecture !
 
Samedi. Paris. Heure de pointe. Dans le métro.

Timing parfait pour Odette et Gilbert.

La rame s’est arrêtée à Opéra et les deux vieux se sont tranquillement installés sur les banquettes usées du métro. Odette traîne avec elle son caddie en toile, lourd parce que chargé de ses trouvailles du jour. Comme tous les mercredis et les samedis, Odette et Gilbert s’accordent leur « ballade » en amoureux. Ils sillonnent la ville avec le métro et s’arrêtent au gré de leurs envies. Ils se laissent porter par la foule et se laissent noyer dans le tumulte.
La journée a été longue et fatigante pour Odette, surtout qu’il a plu toute la journée. Son ciré l’incommode quelque peu, mais au fond, cette journée comme toutes les autres ballades, lui font plaisir et lui donne un but dans la vie. La retraite n’a pas apportée toutes les joies espérées par le couple et c’est là la manière qu’ils ont trouvée pour sortir du quotidien et apporter un petit plus à leur existence.
Gilbert somnole sur sa banquette. Odette regarde un adolescent assis face à son mari. Elle le couve du regard et esquisse un sourire maternel.

Nelson jubile. Sarah se laisse enfin approcher. Ses petits messages coquins suffisent pour le rassurer. Il va pouvoir se la faire, pari gagné avec les potes. Son iPhone dans la main droite, il relève la tête et affiche son sourire presque comme un défi à la foule dans la rame. Y a deux ptits vieux assis en face de lui. C’est à ça qu’il ressemblera à quatre-vingt piges ? Genre en ciré avec le ptit caddie  en toile et des yeux de biche effarouchée imprimés sur la tronche ? Pt-être. Au moins, ils s’aiment ces deux-là, avec les regards qu’ils se lancent, y a pas à chercher. Nelson se dit que finalement il se fout pas mal de quoi il aura l’air, il espère au moins avoir des nanas jusqu’à pas d’âge. Mais là, fait qu’il se grouille d’aller acheter un cadeau à Sarah s’il veut « finaliser » le coup. Il vérifie, cent euros dans la poche. Ouais c’est bon, il va bien lui trouver du Gucci ou du Dior contrefait  sans que ça se voit. Il visse son iPod sur les oreilles et s’enferme dans un mutisme profond.

Cinq stations plus loin, Nelson se lève. Odette caresse le bras de Gilbert et lui fait signe que c’est là qu’ils s’arrêtent. Il y a du monde sur la voie. Odette est derrière Nelson, elle lui tapote l’épaule.
« Euh, pardon mon grand, je ne connais pas cette station, par où sort-on ? »

Nelson se souvient d’elle. Elle le matait dans le métro. Elle lui fait un peu pitié avec son regard de chien battu, et son ptit vieux qui la suit comme si sa vie en dépendait. Ouais c’est bon il a bien cinq minutes.

Odette minaude, elle essaie de prolonger la discussion et ne tarie pas de compliments sur Nelson. Elle veut toute son attention juste quelques secondes. C’est ce genre de rencontre qui l’émeut. Un inconnu qu’elle ne recroisera jamais, mais qui lui donne tellement plus qu’il ne le pense. C’est comme ça.

Nelson commence à trouver la mamie un peu lourde et trouve une excuse à deux balles pour se tirer.
 
Gilbert regarde Odette, un sourire large jusqu’aux oreilles.
« Alors mon doux, qu’est-ce qu’on a cette fois ?
- Ah ma colombe, on a le gros lot : un iPod, un iPhone, cent euros, et regarde, des lunettes Prada ! »

Oui, ces petites rencontres faites d’un rien sont tout pour Odette et Gilbert ...