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lundi 20 décembre 2010

Chapitre 8. Une oeuvre puissante

Cette fois, pas d'excuses, ce sont les vacances, donc je lis !
Toujours dans la lignée des bouquins pour le BTS dans le thème de la génération, voici Magnus de Sylvie GERMAIN (Prix Goncourt des Lycéens 2005 s'il vous plaît ...).


Tout simplement puissant, un récit d'une grande beauté, très calme. 
Un petit garçon qui devient grand, toujours en quête de son identité. 
Le présent confronté au passé, des souvenirs lointains qui valsent lentement dans la tête de Magnus, une intonation ou des lieux qui ravivent des sentiments longtemps refoulés ...
     Chacun porte son poids de temps dans la discrétion ; rien n'est renié ni effacé, mais ils savent qu'il est vain de vouloir tout raconter, qu'on ne peut pas partager avec un autre, aussi intime soit-il, ce que l'on a vécu sans lui, hors de lui, qu'il s'agisse d'un amour ou d'une haine. Ce qu'ils partagent, c'est le présent, et leurs passés respectifs se décantent en silence à l'ombre radieuse de ce présent.
     fragment 22


Sylvie Germain utilise des mots justes, plein de sens qui vont droit au coeur et qui amènent le lecteur à réfléchir intensément à l'action du roman. Il n'y pas de "phrases en trop", pas de fioritures ... juste l'essentiel.


Un peu difficile de se plonger dans le livre au début mais par la suite, impossible de résister à l'avenir de Magnus !


Mon passage préféré : la mort de May, amante de Magnus.
Pourquoi ? : le récit est précédé de l'histoire que Magnus et May partagent, Magnus est heureux, ils vivent de beaux instants ... et d'un coup, dans un écrin de douceur, Sylvie GERMAIN nous livre les derniers instants de son amante, dans un naturel et une poésie déroutants. Tout va si vite, c'est comme si la mort n'était pas survenue.
J'apprécie également les instants décrits avec Peggy Bell, plus tard dans le roman, un amour d'enfant retrouvé, la véritable femme qui a fait vibrer le coeur de Magnus et qui elle aussi disparaîtra comme une évidence ...
     Terence s'étend à ses côtés, il l'enlace doucement. Leurs deux visages se touchent, leurs yeux sont si proches que leurs cils se frôlent et leurs regards se mêlent. Ils ne voient plus rien, ils perçoivent juste une lueur qui frémit comme une petite flaque de soleil au creux d'un buisson. Ça les amuse ; May n'a plus la force de rire, elle sourit. Et leurs sourires aussi s'entremêlent, et leurs souffles. Ils ne parlent pas, n'ont plus rien à se dire, ou trop à se dire, c'est pareil en cet instant. Ils sont bien là, comme ça blottis l'un contre l'autre, hors temps, hors désir, dans le nu de l'amour. Leur complicité n'a jamais été si dense, si vaste, si lumineuse. Ils sont dans l'absolu de la confiance, de l'abandon de soi à l'autre, de l'oubli de soi dans l'étonnement. Jamais ils ne se sont sentis aussi présents l'un à l'autre, aussi présents au monde - mais sur son seuil, non plus en son sein.
Terence voit se ternir la petite flaque de clarté qui frémissait au bout de ses cils, il entend se taire le souffle qui chuchotait à l'unisson du sien. Cependant, il ne bouge pas, il enserre juste le visage de May entre ses mains, et il reste longtemps ainsi, longtemps dans le silence devenu infini de l'amour.
May a honoré sa mort.


Magnus attend hors de la chambre, il n'a pas cherché à y revenir. Un grand vide se creuse en lui au fil des heures. Il ne pense pas, il ne ressent rien, sinon un drôle de froid qui ondoie discrètement dans sa chair. Il n'est ni patient ni impatient, il est là, simplement, là comme un funambule faisant la pause au milieu de son fil tendu au dessus d'un désert. Il lui faut beaucoup d'immobilité pour garder l'équilibre. [...]
     fragment 15





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