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dimanche 7 août 2011

Les plumes de l'été - III

Dans la cadre de l'atelier d'Asphodèle, voici ma participation avec 13 mots imposés en "e". Il s'agit de la suite du texte avec les mots en "b" que je vous remet pour ne pas perdre le fil :) Bonne lecture


élixir – estival – évanescent – émeraude – épanouie – étincelle – élégie – écrevisse – éléphant – excédé– éventail – étreinte – eucalyptus

Jean se tenait au bastingage et appréciait les embruns marins qui lui fouettaient le visage. Sachant que ces quelques moments de répit dont il profitait depuis plusieurs jours n’étaient qu’éphémères. Après bien des années à voyager à travers l’empire byzantin, il était de retour pour présenter les trésors incomparables qu’il avait découverts au gré de ses aventures. Le Roi comptait d’ailleurs sur sa personne pour lui présenter un compte-rendu détaillé de ses expériences avec les populations locales. Bon nombre de rumeurs circulaient sur leur compte, les qualifiant le plus souvent de « barbares sanguinaires ». Jean savait désormais que ce n’était que des balivernes colportées par des hommes peu instruits et effrayés par l’inconnu. Un bout perdu dans les cordages frappa son visage et l’extirpa de sa rêverie. Il retourna à sa cabine et contempla les richesses accumulées avec le temps que le capitaine avait fermement refusé d’entreposer dans les cales, sans quoi cette dernière se retrouverait trop encombrée pour permettre aux matelots de travailler correctement. Jean soupçonnait surtout son comportement à la limite du borderline d’avoir tranché la question plutôt que son sens sous-développé de l’altruisme.
Accroché aux lambris, une bambochade, représentant une famille autour d’un repas avec un bébé pleurnichard sur les genoux de sa mère, trônait comme seule et unique décoration dans la pièce. Il était bientôt l’heure de prendre son bain mais au moment de se dévêtir, la houle se fit plus pressante et Jean jugea préférable d’aller aux nouvelles. Son tempérament d’ordinaire fougueux et téméraire se révélait  un rien bravache à bord d’un navire. Jean n’avait jamais eu le pied marin et n’acceptait que rarement d’appareiller. L’équipage lui indiqua que le Capitaine Hungton se trouvait à la barre. C’est effectivement là qu’il le trouva dans son indémodable redingote blanche qui appuyait son regard froid, lui donnant une beauté singulière. Jean se sentait poindre une violente nausée et s’enquit auprès d’Hungton du temps prévu en mer. 

- Vous n’avez pas l’air dans votre assiette mon cher ! Ce n’est pas bien grave ! Nous approchons des côtes et nous poursuivrons notre route en cabotage. La mer sera moins agitée près des côtés, soyez rassuré.

Cela n’apaisât que très peu son mal de mer et Jean du faire un effort pour se concentrer sur les détails de la cabine de pilotage afin de ne pas tourner de l’œil. Il constata par ailleurs que la décoration était de très mauvais goût : un vulgaire banc et un amoncellement de plantes exotiques envahissaient tout l’espace, notamment un bambou jaunît par l’air iodé auquel il ne s’était probablement pas acclimaté. Il se rappela qu’il n’avait pas terminé de compléter ses notes à présenter au Roi et retourna à sa cabine pour dénicher un bouquin racorni et poursuivre son travail de fourmi.

Cela faisait maintenant dix jours que l'Émeraude avait quitté le large pour s'approcher des côtes. La grisaille et le vent avaient cédé place à un temps plus estival qui raviva très nettement l'humeur générale de l'équipage. Jean, plongé dans une élégie de Callinos, était installé dans sa cabine. Le voyage se faisait un peu trop long à son goût et malgré l'élixir préparé par le médecin de bord pour remédier à son mal de mer, il éprouvait des difficultés à se concentrer sur ses travaux. La cloche sonna sur le pont et il devina que c'était l'heure pour les spécimens exotiques relégués à fond de cale de prendre l'air. Le Roi avait tenu à ce qu'on lui ramène des exemplaires de spécimens rencontrés lors de l'expédition. Si Jean s'était appliqué à collectionner une déclinaison des plus rares plantes, il en avait été autrement pour les animaux. Il se souvenait notamment d'un éléphant que l'équipage se faisait une joie d'embarquer mais que le capitaine avait catégoriquement refusé à bord. Jean en profita donc pour monter sur le pont et croquer une fleur d'eucalyptus particulièrement épanouie à la lumière du soleil.
Le soir venu, Jean rejoignit la table du capitaine ainsi que le médecin de bord et quelques autres, où comme de coutume, le Porto coula à flots. Le repas était essentiellement constitué d'écrevisses et d'un large éventail de coquillages et crustacés pêchés le jour-même. La tablée se régala et la soirée alla bon train. Tard dans la nuit, quelques convives ayant déjà regagné leurs chambrées et les effluves d'alcool évanescentes, un débat naquit entre Hungton et ses invités afin de déterminer si les Noirs étaient capables de discerner les mêmes choses que les Blancs. Jean ayant un avis fortement divergeant du reste de l'assemblé et excédé par les propos tenu par le Second prit congé. Dans une étreinte amicale, il salua le capitaine et monta sur le pont pour fumer la pipe à la clarté des étoiles. Pas tout à fait sobre, il se laissa entraîner dans une gigue effrénée et renversa au passage le contenu des instruments de mesure rangés sur une table dans un couloir. Les instruments métalliques s'entrechoquèrent et quelques étincelles apparurent. Le plancher s'embrasa immédiatement.

2 commentaires:

  1. Et bien ! le feu au bateau, que va-t-il se passer ? Je n'ai jamais mangé d'écrevisses en mer, vu qu'on n'en trouve qu'en rivière mais pourquoi pas ?^^ Ta plume romanesque m'a embarquée à bord de l'Emeraude ! ;)

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  2. Ahahahaha génial !!!!!!!!! Je suis diplômée de l'école hôtelière et je suis pas foutue de savoir que les écrevisses ça se pêche dans une rivière hahahaha ! Bin au moins tu m'auras appris un truc vraiment important ^^ On va dire que c'est ma plume romanesque qui m'a emportée ^^ Merci ma Isa !

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