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Laissez-vous tenter par l'une de mes dernières lectures dont j'ai laissé le billet derrière moi !

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Laissez-vous entraîner dans le flot d'écriture des ateliers avec la communauté de bloggueurs !

Bonne lecture(s) ;)

vendredi 27 juillet 2012

Les Plumes de l'Année - V

Bonjour les amis !
De passage avec une collecte de mot en T chez Asphodèle pour Les Plumes de l'Année.
Bonne lecture :)


La nouvelle était tombée avec autant de violence qu’un couperet. Clara sentait ce poids inerte dans son estomac lui brûler les entrailles.
Le notaire déposa la clé sur la table, encore accrochée à ce vieux porte-clés en cuir rouge qu’elle connaissait bien. Clara regarda fixement la clé dans un silence religieux sans montrer la moindre émotion. Le notaire, gêné par cette attitude détachée, s’éclaircit la gorge et prononça quelques formalités d’usage. Il conclut, pressé de se débarrasser de sa cliente peu avenante :
« Vous voici l’heureuse héritière des biens de feue votre grand-mère. Signez ce document s’il vous plaît, le deuxième exemplaire est à conserver. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, contactez mon assistante. Mademoiselle Bernard, ce fut un plaisir. »
« Excusez-moi de ne pouvoir en dire autant. »
« Oui en effet. Bien, je pense que tout est réglé. Bonne journée. »

Le soleil aveugla Clara dans la rue. Un vent tiède secouait les feuilles grasses des peupliers. Les rues de Vierzon étaient désertes en ce début de juillet. Seuls quelques passants résignés à aller au travail ou promenant leur chien rompaient la monotonie inhabituelle de la ville. Clara marcha tout au bord du trottoir, concentrée sur la fine bande de pavés qui le longe, tout en triturant la petite clé dans sa main. Quelques larmes discrètes coulèrent jusque dans son cou, témoins d’une déchirure profonde. Un océan de nostalgie l’envahit. Clara n’avait pas mis les pieds sur sa terre natale depuis dix ans et voilà que la vie la convoquait brutalement pour la confronter à son passé. Elle s’assit à la terrasse d’un café et commanda une menthe à l’eau. Elle dégusta le liquide sucré et réfléchit à ce qu’elle allait faire. La maison de ses grands-parents constituait un des rares refuges de sa mémoire où elle se savait cette liberté de vagabonder sans limites.

Elle prit sa voiture et roula à travers la Sologne, traversant étangs, forêts domaniales, vieux villages … Elle se sentait comme une tortue qui lutte pour avancer sans jamais voir l’arrivée. Sans vraiment faire attention et après plusieurs heures d’errance elle se retrouva devant la maison de ses grands-parents … La maison de son enfance, fidèle à ses souvenirs, figée dans le temps : le portail blanc grinçant, les parterres de géraniums, les thuyas, le potager avec les fraisiers et le arbres fruitiers, les clapiers avec les lapins pour les déjeuners en famille le dimanche, la terrasse avec la tonnelle, le barbecue en pierre à côté du tilleul, la vieille télévision du jardin pour regarder le Tour de France en juillet, la remise pleine de toiles d’araignée, la réserve de bois, les tonneaux entassés prêt de la vieille balançoire blanche, l’écurie avec les fûts de vins pour les vendanges et les croquettes pour chat que Clara et ses cousines mangeaient en cachette pour se défier, le banc où elle prenait le goûter, la brouette qui faisait office de bac à sable, l’arrière jardin où poussaient les patates … Clara avait découvert un jour où son grand-père binait le sol que les patates ne poussaient pas dans les arbres. Elle avait été très déçue de cette nouvelle, surtout d’avoir été naïve de croire que tout poussait dans les arbres.

Elle tourna la clé dans la serrure de la petite porte d’entrée. La fraîcheur de la vieille bâtisse la saisit et Clara se rendit compte qu’elle transpirait. Machinalement elle monta à l’étage et prit une douche. Le coucou sonna seize heures. Elle se sentait fatiguée de ses émotions et se coucha dans le lit où elle avait toujours dormi … Là, la pièce n’avait pas changé depuis la dernière fois : la moquette bleue, le bureau d’écolier, le décalitre en bois transformé en corbeille à papier, l’armoire en acajou sertie de dorures et d’un grand miroir, le plafond aux moulures géométriques, la peinture au mur et son inscription qui avait toujours titillé la curiosité de Clara « les talentueux », le lit massif sur lequel elle avait trébuché une fois et s’était ouvert l’oreille droite, découvrant pour la première fois ce liquide rouge et chaud …Tous ces souvenirs transfigurés se mélangèrent et l’emportèrent dans un sommeil profond.

Le lendemain elle se leva tandis que le soleil commençait à inonder la salle à manger et le salon. Dans la cuisine elle se fit du thé. Quelques tomates étaient restées sur la table, abandonnées à la va-vite par un contretemps. Elle alluma la radio comme le faisait sa grand-mère. Alors elle se rappela le carrelage trop froid pour ses pieds de petite fille, le lait dans la casserole qui sifflait, la vapeur qui embuait les lunettes de mamie, les petits pains suédois … Clara les appréciaient particulièrement car ils débordaient de beurre et à la maison elle n’avait pas le droit d’en tartiner autant. Elle fit le tour de la maison en buvant son thé … Sur la commode du bureau, des timbres avaient été découpés de cartes postales : Clara les recevaient à chaque lettre de sa grand-mère, les perruches dormaient dans leur cage : Clara les avaient crues immortelles mais elle avait découvert que sa grand-mère en achetait de semblables chaque fois que l’une d’elles mourait. Elle continua toute la matinée son exploration, touchant du bout des doigts chaque meuble, chaque étoffe, chaque photo au mur. Elle se laissa prendre dans une turbulence intense où ses sens étaient exacerbés, son imagination débordante, sa curiosité poussée à l’extrême … Elle jouissait de cette plénitude spontanée sans se soucier de la vie extérieure. Elle rassembla tous les souvenirs précieux qu’elle trouvait au fur et à mesure de son avancée puis les transféra dans le salon. Elle resta plusieurs heures à contempler ses petits totems du passé et à se souvenir. L’après-midi elle passa son temps au jardin : elle taillada les rosiers, cueillis les fraises, coupa des fleurs sauvages et mis de l’ordre dans la remise.

Clara se laissa vivre trois jours dans cette douce nostalgie. Puis lassée de tant de souvenirs, meurtrie par la disparition de ses proches et de ses années d’innocence, elle termina de ranger quelques affaires. 
Elle fit tourner une dernière fois la petite clé dans la serrure et décida qu’il était temps pour elle de vivre son présent pour devenir elle aussi un jour une grand-mère.



dimanche 18 mars 2012

Impromptus Littéraires - IV

Bonsoir !


Je réouvre ma "parenthèse aventuresque" l'espace de quelques lignes pour les Impromptus Littéraires.
Consigne de la semaine : commencer son texte par les vers d'Apollinaire "Je suivis ce mauvais garçon qui sifflotait mains dans les poches." de La Chanson du Mal-Aimé.


Bonne lecture ;)




Je suivis ce mauvais garçon qui sifflotait mains dans les poches.
Je récitais ces quelques vers dans ma tête en nettoyant les tables. Mes écouteurs vissés sur les oreilles, je prêtais une oreille attentive à une émission radio retraçant la vie d’Apollinaire.
Concentrée sur les paroles su journaliste, Joe me fît sursauter en posant sa main sur mon épaule.
- Il est tard, rentre. Et euh, demain passe chez Henry pour prendre du sucre.
- Quoi, on est à nouveau à sec ?
- Ouais, j’ai fait pas mal de beignets cette semaine.
- Ok.
- Et soit pas en retard cette fois !
- Jamais, tu me connais !
- Tu penses ! Claque un bise à Aimée pour moi.
- Même deux !
Je file attraper mes affaires et je cours jusqu’à la porte avant que Joe ne change d’avis. Je hurle de dehors « à demain » en agitant le bras. Joe me fait coucou à travers la baie vitrée.
Je remonte les docks. La nuit tombe. Je passe rapidement chez Pizza Hut en bas de chez-moi pour le dîner. Je commande une Hawaïenne. J’ai beau détester la malbouffe à l’américaine, des fois ça aide … Je monte les escaliers quand je me souviens que j’avais promis à Aimée de passer chercher ses photos. Tant pis pour l’Hawaïenne, on la réchauffera. Je redescends les escaliers mais cette fois moins de chance : je loupe la dernière marche et je dis définitivement adieu à ma pizza. Je ramasserai au retour, il faut absolument que j’arrive avant la fermeture du magasin. Je monte dans ma Ford et je fonce au centre-ville. J’aperçois le magasin. C’est encore allumé.

mercredi 14 mars 2012

Les Agents Littéraires - III

Bonjour les amis !


voici ma dernière contribution aux AL ;)




> Le livre : La croisière d’Ultime Espérance par Alain KERALENN, France Empire, 160 pages, 19,00 €.

> Le pitch : [Cette critique a été rédigée par Jul, auteure du blog Le Parfum Des Livres (http://leparfumdeslivres.blogspot.com/) que nous vous invitons à découvrir.]
Marie Morvan, consultante française, se rend au Japon peu après le grand séisme qui vient de frapper ce pays. Chargée de préparer la certification d'une cargaison de matières nucléaires originaires du Japon et retraitées en Europe, elle y rencontre Kenji Hosoda, un jeune ingénieur japonais. Entre eux, une relation sentimentale naissante s'établit. Or, Kenji est lié par amitié à Samir, un chrétien d'Iraq qui l'a sauvé lors d'un séjour à Bagdad. Tous trois se trouvent engagés dans un complot qui les mène de Tokyo à Paris, de Dubaï à Valparaiso, autour de l'itinéraire du navire transportant ces matières nucléaires.
A un tournant de sa vie, Marie éprouve des sentiments amoureux qu'elle croyait oubliés. De nouveaux horizons, ceux de l'aventure et de la nouveauté, s'ouvrent à elle. Sa détermination et son intelligence la conduiront à bouleverser sa vie.

> Il y avait longtemps que je n’avais pas tourné vigoureusement les pages d’un livre, à chaque ligne plus pressée de découvrir la suite, restant éveillée aux heures les moins décentes de la nuit pour connaître le point final avant que le réveil ne sonne. Alors pourquoi ce livre m’a-t-il emportée comme peu d’entre eux l’ont fait ?
Alain Keralenn signe là son premier roman. Ancien diplomate, il a parcouru les cinq continents et nous offre au fil des pages une croisière merveilleuse à travers des paysages et des cultures tous plus colorés les uns que les autres, avec une vraisemblance étonnante et captivante.
Les grands banians semblaient avoir du mal à porter leur fardeau. Les feuilles, luisantes et grasses, restaient figées sous l’épaisseur de l’après-midi tropicale. L’amoncellement des cumulus laissait espérer l’orage vers le début de la soirée, moment de délivrance bienvenu pour la baie de Rio de Janeiro.
Mais le décor ne fait pas tout. L’écriture elle-même est palpitante, menée à un rythme proche d’un script hollywoodien sous une forme plus courtoise, riche en dialogues. L’auteur tout en livrant les réflexions personnelles des protagonistes, va à l’essentiel. Pas d’épanchements superflus. Un récit simple et efficace. Et pour enrichir son texte, Alain Keralenn a choisi un sujet peu commun : celui du retraitement des déchets nucléaires. Pour autant, aucun terme n’est inaccessible, pas besoin d’avoir un doctorat en génie nucléaire pour comprendre les passages concernés. Malgré ce thème particulier, l’auteur ne s’y englue pas dans, il s’applique à nous raconter d’autres choses : l’histoire des chrétiens d’Iraq, la croisière dans la baie d’Ultime Espérance, le complot contre le retraitement nucléaire etc…
Tout cela raconté avec une forme de beauté lisse et douce, même dans les rebondissements de l’histoire.
En ce froid jour de l’hiver, plus d’un millier de fidèles se trouvaient rassemblés à la cathédrale. Sans doute une majorité de catholiques orientaux. A peine franchi la porte, elle se sentie transportée dans une autre réalité. Le parfum envahissant de l’encens flottait dans la nef. Elle s’approcha du cœur. Les officiants, revêtus de lourds habits mordorés, crosse à la main, psalmodiaient, le dos tourné aux fidèles. Cent fois répété, le signe de croix rythmait chaque moment de la liturgie.
Elle tenta de comprendre ce qui se déroulait. En occident, la religion avait passé la pratique du culte au tamis de l’analyse intellectuelle pour aboutir à des symboles abstraits. L’Orient gardait une religiosité plus simple, accessible, où il fallait solliciter les sens, s’inscrire dans une lignée historique, impressionner par la magnificence. Même sur elle si étrangère à de telles manifestations, une fascination s’exerçait.
Sortant de Notre-Dame, elle se rendit compte qu’elle avait perdu la notion du temps. Il lui fallait de hâter pour retrouver son oncle. Il l’attendait à l’embarcadère du Pont-Neuf. Une vedette était prête à partir. Il lui tendit un billet, la prit par le bras. Ils montèrent à bord juste à temps.
Il n’y a donc qu’une seule chose que je puisse dire : La croisière d’Ultime Espérance a su me faire voyager, me faire rêver et me faire vivre l’instant de 160 pages une belle aventure.
Je lui somme d’ailleurs de se dépêcher d’écrire une nouvelle histoire, et s’il le faut, je suis prête à le sponsoriser !!
Plus qu’une recommandation, je vous assure qu’il vous faut lire ce petit chef-d’œuvre !

> Et s’il fallait mettre une note, ce serait : 6/5 !!


Impromptus Littéraires - III

Bien le bon retour à tous,


j'ai participé la semaine dernière au Impromptus Littéraires mais ce fut une petite parenthèse comique de quelques lignes donc je ne posterai pas ici mon écrit. Pour le voir il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous.


Rendez-Vous en fin de semaine pour la suite de mon histoire ;)

dimanche 15 janvier 2012

Impromptus Littéraires - II

Héhé trop facile !!!!! C'est pas la peine, je regorge d'imagination pour bloquer sur mon texte à cause d'un thème loufoque ;) Même ma super bronchite et mon rhume carabiné m'ont pas empêchée d'écrire alors ...
Bon et puis j'ai prévu de glisser un clin d'oeil "where is Brian" especially pour Vegas ^^


Donc le thème était d'écrire autour de cette photo :






Et pour atterrir chez les Impromptus c'est en cliquant sur l'image. Bonne lecture et à vos commentaires pour me faire rire encore un peu :)



Joe me fait des grands signes derrière le comptoir. Je sens qu'il est déjà débordé et ça me fait rire. Joe est doué pour seulement deux choses : faire la cuisine et faire la causette.
Je pose mes affaires, enfile mon tablier et claque une bise sur la joue de Joe qui me renvoie mon bonjour avec une tape paternelle dans le dos qui manque de me faire tomber.
J'empoigne la cafetière et entame ma tournée en prenant les commandes. L'humeur générale est maussade. Ces derniers temps, l'activité du port est au ralenti à cause de la grève des ouvriers chinois. L'import-export est en pleine crise et les dockers savent bien que la paie sera mauvaise.
Stefan fume une cigarette au fond de la salle accoudé sur le téléphone public hors service. Je le sermonne comme chaque jour et le menace de lui coller l'amende que promet l'écriteau à l'entrée. Pour toute réponse, il me tousse à la figure. Je ne serais pas étonnée de voir un de ses poumons jaillir un jour de sa gorge.
Je repasse derrière le comptoir.
Sam est là. Je l'aime bien parce que je trouve qu'il ressemble à Alain Delon quand il était jeune. Et ce que j'aime aussi c'est qu'il déborde de culture. Je n'ai jamais compris ce qu'il faisait au port parce qu'il a tellement  plus de chance que les autres de trouver un emploi, un vrai, qui respecte les droits de l'homme. Pourtant il fait un des métiers les plus pourris du monde. Mais ça n'a jamais affecté son moral et sa soif de savoir. Tous les matins il lit le journal et il s'occupe d'informer les gars au cas où il y aurait un article fumeux sur le cours du pétrole ou sur une guerre dans les pays arabes. Et tous les jours depuis l'accident de Brian, on lui demande s'ils ne l'ont pas retrouvé. C'est ça la mission de Sam, surveiller le journal. Et quand il a fini de lire son papier, on discute toujours un peu. Je suis comme leur Tour Eiffel vu que je suis française. Comme ils n'ont jamais eu les moyens de se payer un voyage à Paris, ou même ailleurs, ils jouent parfois les touristes dans le bar de Joe. Moi je raconte et eux regardent les photos que j'ai accrochées aux murs. Ça nous passe le temps et ça leur fait un peu oublier le quotidien.
Aujourd'hui, Sam reluque une vieille photo. C'est le mas de mon Pépé Alphonse à Castelnaudary. Je leur raconte le cassoulet, la lavande qui sent bon le soir, les bourdons fatigués dans les parterres de Mémé Odile, les plumes de poulet qui volent dans la cuisine, la pétanque, le Ricard, les savates des vieux au Café de la Grand Rue, les ragots des vieilles au marché, mes copains courageux qui piquent le vin de Pépé, les parties de cache-cache entre les bottes de paille ... Ça sent bon les vacances pendant quelques minutes et même le soleil se risque quelques rayons à travers les grandes fenêtres.
La sonnerie retentit, c'est l'heure de reprendre le boulot. Un cargo anglais va accoster. Faut retourner à la trime.

dimanche 8 janvier 2012

Impromptus Littéraires - I

Amis du jour, bonjour !


Voici la première participation aux Impromptus littéraires (c'est ma résolution de l'année ^^). J'ai pris le parti d'écrire une seule et même histoire qui évoluera à mesure que les thème paraissent chaque semaine.
Pour info, le lundi paraît un thème et les participants ont jusqu'au dimanche pour écrire. C'est un site qui ne s'occupe que de cette activité, pas de critiques. Le site regroupe toutes les publications des participants et il est géré par 14 mimines si personne n'est manchot ... : Agaagla, EVP, Ondine, Tisseuse, L'arpenteur d'étoiles, Toncras et Vegas-Sur-Sarthe.
Le lien c'est en cliquant sur l'image ;) 
Le thème de la semaine, en hommage à Tomas Tranströmer, poète suédois, prix Nobel de la littérature 2011 : commencer son texte par "j'ai la main sur la poignée de la porte".
Bonne lecture ! See ya !




J’ai la main sur la poignée de la porte et je jette un dernier coup d’œil dans le salon. Aimée est allongée sur le divan, elle feuillette son album photo, réserve personnelle de souvenirs de sa gloire passée d’actrice à Broadway. Je referme la porte, la laissant à sa rêverie.
Je dévale les escaliers qui grincent à chaque marche, menaçant de s’effondrer au moindre pas de travers. Je saute les marches par deux. Si j’arrive en bas sans tomber, ce sera une bonne journée.
Je me tire d’affaire assez brillamment et monte dans ma vieille Ford orange. Je descends la rue à toute berzingue, en retard au boulot, comme d’habitude. Tant pis, Joe m’aime trop pour me virer.
Une épaisse brume s’est installée depuis quelques jours, annonciatrice d’un hiver rude. Les docks défilent le long de la route. La saison va commencer, les dockers vont sentir le froid leur ronger les os, leurs mains vont geler, leurs lèvres vont gercer et leur moral va se terrer dans leurs chaussures de sécurité. Le bar de Joe va battre son plein pendant au moins cinq mois, seul refuge pour les travailleurs acharnés du port.
J’arrive au bar et lance un joyeux « salut » à la cantonade. La salle est déjà pleine. Tous attendent leur petit-déjeuner sur les banquettes rouges défoncées. On sert les meilleurs œufs brouillés de la ville et en prime, Joe fabrique sa propre sauce tomate. Aujourd’hui j’ai concocté une petite surprise pour mes protégés : j’ai tricoté des écharpes, des bonnets et des chaussettes en grosse laine. Je suis une piètre tricoteuse et mes mailles sont loin d’être régulières mais au moins, ils auront un peu moins froid. L’hiver dernier, Brian, un Irlandais de dix-neuf ans débarqué en Amérique en quête de l’American Dream, vite rattrapé par la désillusion du vingt-et-unième siècle, a carrément dû être amputé du pied droit. Ses chaussures complètement usées avaient laissé le froid mordre ses pieds et ses engelures étaient devenues trop importante pour qu’on puisse lui épargner la gangrène. Il avait fallu le transporter d’urgence à l’hôpital mais le pauvre ne s’était pas résolu à perdre son emploi, seul réconfort que sa vie pouvait lui offrir, et s’était jeté dans la baie un jour que l’océan était déchaîné. On n’avait encore pas retrouvé son corps.

[à suivre]

vendredi 6 janvier 2012

Les Plumes de l'année - IV

Héhé, vous voyez que je vous raconte pas [toujours] n'importe quoi, je reprends l'écriture parce que quand même ça manque trop sinon ! Mais ça a a été laborieux ... je remercie d'ailleurs Valentyne avec son moulin qui m'a posé pas mal de problèmes ... vous pouvez jugez de la tenue de mon carnet qui a morflé !
Chez Asphodèle, c'est toujours en cliquant sur l'image ! See ya !


Léa étale sa marmelade sur une tartine mais elle est trop grande, elle n'arrive pas au bout. Elle contemple sa biscotte et sent une larme s'écraser au coin des lèvres. Elle se sent comme sa marmelade, trop petite pour remplir sa tranche de vie. Elle aussi a cassé sa biscotte comme ça un jour. Et depuis, chaque matin, elle se réveille pleine de mélancolie, une mélancolie qui a laissé un grand vide s'installer.
Son mariage est devenu un mausolée, témoin d'un bonheur passé, presque irréel tant il était éphémère. Son idéal s'est envolé quand son Louis est devenu le Louis de tant d'autres. Comment être une et unique quand on se sent juste une misérable miette de biscotte ? Léa est devenue une Léa miniature,volée par la vie elle-même. Tous les mouchoirs du monde sont devenus minuscules pour essuyer ses larmes parce qu'elle a cru une fraction de bonheur qu'elle aurait un avenir merveilleux avec son Louis, qu'elle serait sienne et qu'ensemble ils ne seraient qu'un mélange d'amour et de baisers.
Léa aime Louis, Louis aime Léa, Léa aime Louis, Louis n'aime plus Léa.
Léa s'est glissée dans sa robe mauve. Elle se souvient comme elle était radieuse et fière sur les marches de l'église. Elle ajuste sa martingale. Elle se souvient plus encore les belles promesses cet été-là, dans le moulin, lorsqu'elle s'est dévoilée à lui, le premier, pour l'éternité. Et dans les méandres de ses yeux, elle s'est perdue, oubliée, aveuglée par l'amour.
Mais aujourd'hui, sous les plis du taffetas de sa robe, son coeur n'est devenu plus qu'un murmure imperceptible, trop longtemps laissé à l'abandon, fatigué de pleurer. Léa regarde dans le miroir cette autre qui lui répond par mimétisme, s'étonne presque de sentir le métal glacé contre sa tempe qu'elle aperçoit en face d'elle ...


mardi 3 janvier 2012

Top Ten Tuesday

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.
Ce rendez-vous a été initialement créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur le blog de Iani. 





Les 10 livres à lire en priorité en 2012

Je serais bien tentée de vous balancer ma PAL mais ce serait pas du jeu alors je vais choisir disons mes préférés piochés dans ma PAL !

PS : je mets pas de photos cette fois c'est trooooop long ;)

1. Nous les noyés, Carsten JENSEN
Parce que je traîne ce livre depuis cet été. J'ai du lire les vingt premières pages au moins quinze fois mais à chaque fois je suis happée par autre chose. C'est étrange, j'accroche sans accrocher à ce roman.

2. Les piliers de la Terre, Ken FOLLET
Parce que je l'ai piqué dans la bibliothèque de mon père il y a quelques années et que je l'ai toujours pas lu. Et aussi parce que j'en entends beaucoup de bien mais qu'à force d'en entendre justement, j'aurai toute l'histoire sans l'avoir lu et j'aime pas.

3. Les derniers de Marc LEVY (on va les compter que pour un tellement ça se lit vite)
Parce que j'aime bien cet auteur léger et que j'ai toujours l'impression d'être en vacances littéraires quand je le lis.

4. L'auberge de la Jamaïque, Daphné Du MAURIER
Parce qu'un ami vraiment cher que je ne croiserais probablement plus me l'a conseillé et que je sais qu'il est de bon conseil.

5. Le caveau de famille, Katharina MAZETTI
Parce que j'ai adoré le tome 1 et qu'il s'est fini trop vite !

6. Les larmes de Tarzan, Katharina MAZETTI
Parce qu'il doit être aussi bien que ses frères !

7. Un Musso
Pour faire plaisir à Loriane ;)

8. Moby Dick, Herman MELVILLE
Parce que j'ai toujours autant envie d'aventures et que depuis que j'ai 10 ans je veux le lire (là ça craint ...).

9. Un Dan BROWN
Pourvu qu'il en sorte un !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

10. Golem, Famille MURAIL
A relire plus qu'à lire, j'en ai trop envie !

Un édito digne de ce nom !

Amis blogueurs, amies blogueuses,


une parenthèse ce jour puisque j'ai (enfin !) ouvert le dernier BSC News en ma possession (oui oui vous voyez, je suis même à la traîne pour me culturer ...) et j'ai eu envie de partager l'édito écrit de la plume de Monsieur Nicolas VIDAL. Porque ? Mais parce qu'il a parfaitement raison :)

L'approche des fêtes de fin d'année, la frénésie des achats, la grande bouffe ne sont pas propices au temps consacré à la culture et à la lecture en particulier.
Il ne s'agit pas que la culture perde son triple AAA dans les prochains jours. Pour cela, il faut se réunir, discuter, évoques des pistes, formuler des hypothèses, écarter des propositions, se retirer, délibérer, revenir et annoncer fièrement que nous avons trouvé le remède à tous nos maux.
Il faut délocaliser sa curiosité dans des univers que nous ne connaissons pas. Il faut investir sur des talents de demain, car ils sont déjà les valeurs en hausse d'aujourd'hui. Il faut également mener une lutte contre le plan d'austérité que tente de nous imposer la télévision. Manifestons pour que la livre, la danse, le théâtre, l'illustration, la musique et les autres disciplines retrouvent leurs places dans le débat culturel.

PS : j'ai bien aimé ce numéro avec le reportage sur Benjamin LACOMBE (je vous conseille la lecture)