Salut les amis !
Vous trouverez ma participation du jour à l'atelier d'Olivia ici !
non – sobriquet – randonnée – mélancolie – bonjour – ivresse – strigiforme – parapente – pluie - doux – bord – soleil – ennui – bonheur - antichambre – sortilège – morphing
Séraphine, c’est mon ivresse à moi. Sans elle, je ne serais même pas la moitié d’un homme. En fait, je crois que sans elle, sans ce petit bout de femme, je ne connaîtrais pas le bonheur.
Elle se tient là, tout au bord de la falaise, elle n’a pas peur.
C’est le genre de personne qui aime les sensations fortes. Avec elle, je vis à cent pour cent. Le matin parfois, elle se tourne dans le lit et elle me dit « j’ai envie d’aller faire une randonnée en montagne aujourd’hui », et puis à d’autres moments, sans crier gare, elle me lance « du parapente … pas cap’ ? ».
Elle se tient là, couchée dans l’herbe, elle boit le soleil de ce mois de juin déjà trop chaud pour une heure si matinale. Les rayons semblent la caresser, l’enrober de beauté et cela a l’effet d’un sortilège d’amour sur moi. Je sens ce doux plaisir s’insinuer en moi et m’en délecte. Je pourrais rester des heures à détailler chaque partie de son corps. Je pourrais la contempler sans que l’ennui ne vienne jamais s’emparer de moi.
Je lève les yeux et constate qu’aujourd’hui, le temps ne nous permettra pas de faire des folies. Il y a une légère odeur de pluie qui s’installe dans l’air. Je sais que Séraphine aime aussi bien la pluie que le soleil et qu’elle n’aura pas de difficulté à trouver un passe-temps pour la journée.
« Bonjour mon Dadou ! » Elle a remarqué ma présence et me salue en m’affublant de ce sobriquet que je trouve quelque peu ridicule, mais je n’en fais pas cas. C’est une marque de tendresse que j’accepte volontiers car bien que très expressive, Séraphine a tendance à cacher – un peu trop à mon goût – ses sentiments à mon égard.
« Qu’est-ce que tu fais perchée ici ? »
« J’observe la nature. J’ai un dossier sur les strigiformes à bosser pour la semaine prochaine. »
« C’est quoi un strigiforme ? »
« Raahhh laisse tomber ! T’as pris le ptit-déj’ ? Je meurs de faim ! »
« Non pas encore … je t’attendais. »
Elle se lève et se dirige vers notre maison de vacances.
« T’as rangé où mes cartons à dessin ? »
« Dans l’antichambre. »
« Ah bah t’aurais pu me le dire, je les cherchés partout ce matin ! »
Je me mets à ressentir une profonde mélancolie pour ces jours lointains qui ont formé le début de notre relation. Elle était docile, aimante sans aucune condition et elle savait se montrer plus chaleureuse envers moi. Désormais, sa personnalité s’est aiguisée, elle s’affirme davantage par rapport à moi. J’ai l’estomac noué. Je sais que ces jours-là sont révolus et que notre relation se mue continuellement comme un morphing.
« Hé P’pa, regarde mon croquis de hibou. Il est pas un peu zarbi ? »
Séraphine, c’est ma fille de 17 ans et peu importe où nous mènera notre relation, je l’aimerai toujours autant.
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