Voici ma participation du jour à l'atelier d'Olivia - tardive, je vous l'accorde. Une idée qui m'est venue tôt ce matin et qui est restée toute la journée même si le sujet est un peu glauque, mais bon, y a des fois comme ça ...
L'atelier, c'est toujours en cliquant sur l'image, bonne lecture ;)
Zire se tenait là, debout, immobile, au milieu de cette rue pourrie où tout sent mauvais. Les vieilles maisons à moitié en ruines à peine plus grandes que des caravanes, les eaux sales qui ne s’écoulent plus depuis longtemps, les tas de poubelles qui débordent et qui recouvrent le bitume, les chiens abandonnés infestés de puces qui vont de jardins en jardins. Pas d’argent pour nettoyer le quartier, pas d’argent pour éduquer les jeunes. Zire le sait, c’est pour ça qu’il a quitté l’école à seulement quatorze ans pour son premier petit boulot, dealer. Toute une civilisation qui s’engouffre dans le chaos. Lui le premier, il a vendu son âme à Beaver. Beaver lui a appris comment tenir une arme, comment terroriser les gosses et les mamies à la sortie du supermarché : « vide tes poches Mémé et sois sage où j’te donne un ticket gratos pour le cimetière, vu ? ». Zire entendait les sirènes hurler au loin, déchirant la nuit mais prolongeant le quotidien des habitants de la Zone. C’est comme ça qu’on l’appelle ici le quartier, la Zone, parce que c’est infesté de partout et les gens ils font que « zoner » toute la journée. Les flics se rapprochent, leurs gyrophares dessinent des kaléidoscopes de lumière dans le ciel mais Zire reste là, les yeux fixés, le bras tendu avec son flingue dans la main. Si Zire bouge, c’est Beaver qui le chope et qui le défonce. S’il reste c’est les flics. Il sent ses pensées s’entrelacer comme un écheveau mais rien ne se démêle. C’est foutu. Quoi qu’il fasse il est foutu. Y a un mec qui passe. Il s’arrête derrière un arbre pour observer et il fout le camp. Ici c’est comme ça, personne pour t’aider, personne qui dit rien, tout le monde qui s’en fout. Zire a le bras qui tremble. Il a peur, ça faisait belle lurette qu’il a pas senti la peur lui retourner les boyaux. Il contemple l’inscription sur son bras : « Tue ou meurt. » Ce tatouage, c’est Beaver, quand il lui a appris qu’ici y’a que deux solutions : soit tu pointes une arme soit tu te fais pointer. Et vaut mieux la première situation, sinon t’es un homme mort. Le vent se lève, le coq en plastique sur la boîte aux lettres du Rital à trois mètres se met à claquer. Le bruit retentit dans la tête de Zire. C’est des coups de feu, il n’entend plus que ça. Pan ! Pan ! Zire a cru que c’était un mac en rage à cause de la Coc’. En ce moment c’est la misère, même les dealers y trouvent plus de stup’ convenables. De l’avoine, c’est comme ça que les clients appellent ça quand elle est pas bonne : « Hé mec ! Tu crois qu’tu vas me r’filer ton avoine comme ça ? ». Ca y est les flics sont là. « Bouge pas, lâche ton arme » qu’ils disent. Mais eux non plus ils bougent pas. Ils sont trop dégoutés du spectacle. Dans le rayonnement des phares, la tâche de sang est énorme. Y en a partout autour de Zire. Mais il peut pas regarder, son regard est figé sur le goudron. Il y a le gilet en dentelle qui s’est défait, dedans c’était un pauvre poney en peluche qu’était enroulé, pas une arme. Zire a cru que c’était un client avec un flingue venu lui faire la peau. Mais c’était juste une gosse de six ans qui rentrait chez elle.
Oh violent mais palpitant ! La fin est excellente :)
RépondreSupprimerMerci, on s'en doute un peu pendant le texte non ? Comme je disais, ça m'a trotté dans la tête toute la journée mais j'ai pas des envies de meurtre allez pas croire ça ^^
RépondreSupprimerOh ben dis donc, comment tu y vas, toi ! ;-)
RépondreSupprimerLarf larf à fond les ballons comme dirait ma petite soeur ^^ Et encore, je me suis retenue de prononcer un ou deux termes peu élogieux dirons-nous ... :)
RépondreSupprimer(Message de ta Gi qui n'arrive toujours pas à dépasser le statut d'"anonyme")
RépondreSupprimerTu veux me faire pleurer ou quoi? ^^ Ton texte est super ma Jul, vraiment SUPER!!
Bonjour Jul,
RépondreSupprimerTrès pognant et dure réalité de la vie des cités... trop d'actualité, nos mômes non plus de repères...
Un beau texte qui mérite la reflexion.
Bonne soirée
@mitié
Covix ! Ravie de te voir faire un tour chez moi, tu es le bienvenu :) Oui effectivement, une réalité très noire et dramatique mais à mon sens, cela fait déjà longtemps que c'est ainsi, ça ne fait qu'évoluer avec le temps redoubler de violence et d'agressivité dans une société cernée par la peur et la paranoïa ... Merci pour tes louanges et à bientôt ;)
RépondreSupprimerAh j'ai quand même trouvé celui-ci ! Excellent dis-donc, tu n'y vas pas mollo ! Réalité en-dessous de la réalité quand on voit les gosses qui s'entretuent de plus en plus jeunes, ça fait peur !! ;)
RépondreSupprimerHéhé non je n'y vais pas mollo ... mais en essayant de conserver un langage pas trop vulgaire tout de même :) J'ai pris du plaisir à l'écrire malgré le thème très noir et peu réjouissant ! Il me semble que c'est le dernier en date car cette semaine je n'ai eu ni le temps pour l'atelier d'Olivia ni pour celui de Gwen et comme la saison vient de se terminer, je ne suis pas prête de reprendre la plume ... tu peux pas savoir comme je suis triste !
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